Un livre très prenant

....on se demande comment l'histoire va dans ce sens et pas dans un autre, on se sent très bien dans la peau du protagoniste. Du Moliner comme on y est habitué. Les initiés reconnaitrons la capitale des Ducs de Bourgogne

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Dans l'air du temps

Christian de MOLINER a écrit son livre à la manière de ce fleuve tantôt turbulent, tantôt calme,
voire apaisant avec la rencontre d'Autrui dans des événements tantôt festifs, tantôt angoissants, et même carrément stressants quand le bateau qui transporte le lecteur semble à ce point chahuté qu'il va couler dans les profondeurs de LA MOLDAU ? Cette MOLDAU, aussi nommée LA VITAVA, est la plus longue rivière de la Tchéquie (430 km), affluent de l'Elbe. Elle fut mise en musique par SMETANA et son interprétation par l'Orchestre Philarmonique de Berlin sous la direction d'Herbert VON KARAJAN la décrit splendidement.

Ce fleuve est long et, dès le début de cette croisade, le lecteur est happé, emporté par le fleuve au
point que nous n'allons pas réaliser avoir dépassé le POINT III, nous croyant encore dans le prologue... Tout à coup on se dit : "mais le prologue est vraiment long" ? Nous croyions avoir affaire à un livre classique avec son introduction, ses chapitres bien titrés, dans une rédaction cartésienne classique aboutissant à une conclusion. Mais ce n'est pas ce livre-là a priori bien découpé qui nous emporte, mais un long fleuve sans délimitations aucune mis à part les points 1 à VII, imperceptibles. Personnellement, nous n'avons pas vu ces points, encore une fois dépassés par la tenue difficile de cette navigation vers l'inévitable, aux rives lointaines et dans un courant fort.

Ce professeur d'Université nous fait des aveux de faiblesses dans les tourbillons, de complaisances
mêmes, jusqu'à la soumission bien connue exigée dans les Universités depuis 1968.
L'UNEF par exemple y règne en maîtresse quasi-absolue ! Son idéologie post
soixant'huitarde et pro-invasions s'est répandue de NANTERRE, que nous avons vue personnellement en 68 dans un état de décharge publique et d'abandon multi-tags incompatibles avec l'enseignement supérieur, à toutes les Universités. Cette UNEF nous rappelle :
L'affaire Strauss-Kahn cache le scandale de la Mnef - La Croix www.la-croix.com › Archives › L-affaire-Strauss-Kahn...
"3 nov. 1999 — L'affaire Strauss-Kahn n'est, en fait, qu'un épisode dans un vaste ... Les premiers vont se saisir de l'Unef, les seconds de la Mnef qui, dix ans ..." !

Ces rappels éclairent tout le dilemne (cf. orthographe de Victor HUGO, de BALZAC, de George SAND et d'autres que nous préférons) qui va oppresser de points de repères en points de dépressions, le personnage torturé, contraint, stressé, jusqu'à la révolte finale. Cette révolte, bien plus qu'une Croisade, exprimée comme un torrent à l'embouchure de la rivière dans le fleuve sera déclenchée par un embrun de trop qui va submerger l'étrave du bateau et pousser le Capitaine à abandonner le gouvernail trop longtemps maintenu...

Mais revenons à cette construction du livre et à son titre.

Tout d'abord l'auteur exprime son désespoir actuel dans sa dédicace par l'espoir de voir sa petite-fille
pouvoir encore vivre dans une France libre, ouverte au dialogue entre toutes les opinions et il lui dédicace son livre en 2020. Tous les grand-pères, comme nous-mêmes, partageons le même souhait angoissé en ce début 2021...

Le prologue va nous apprendre le divorce après la perte de leur fille de Samuel MEIERSOHN d'avec Elisabeth sa femme. La difficulté d'un tel deuil va littéralement ligoter cet homme, héros malgré lui, et l'enfermer dans des fascinations tantôt claires et joyeuses, tantôt morbides, dépressionnaires. Ces tribulations d'un bateau qui vient de larguer ses amarres et qui vogue emporté par le courant vont l'amener à penser engager une croisade contres les autoproclamés "bien-pensants". C'est ce qui l'amène de toute évidence et du même coup à s'autoproclamer lui-même "mal-pensant" par opposition. Il confie "être dans le même "camp" que son Président d'Université". Il va compter sur lui pour l'aider dans sa "Croisade"... Mais ce VIERI, du fait de ses fonctions et de sa subordination au Gouvernement via le Rectorat, ne va pas lui apporter forcément tout le soutien qu'il va en espérer ?

Nous passerons sur la fascination sentimentale qu'il va supporter 15 ans presque sans broncher. Vous
comprendrez en lisant le livre pourquoi nous disons "presque", en suivant les tribulations amoureuses de ce professeur bien tranquille avec une beauté moyen-orientale qu'il aura rencontrée la quatrième année du vingt et
unième siècle. Cette périphrase révèle son romantisme profond et son goût pour la poésie. Elle aura d'ailleurs le mérite de lui inspirer des poésies d'autant mieux tournées qu'elles révèlent sa frustration dont le périhélie passera par un détour à Venise dans deux chambres séparées malgré une gondole commune ! Néanmoins, il la palliera en partie par des "accords" surprenants que nous n'apprécierons pas forcément... Mais chacun jugera. Restera au bout du compte que cette beauté aura amené ce Professeur de 61 ans à se comparer au poète Pétrarque dont Laure de Noves fut la muse...

L'épilogue qui survient va être constitué de l'entassement des débris d'un naufrage comme après que
le torrent ait détruit en morceaux le bateau à la dérive. Pour ce "Croisé" involontaire emporté jusque-là, les derniers combats, tels ceux d'un authentique Chevalier du Temple, vont l'autoriser à porter le coup fatal aux ennemis après en avoir reçu, et seulement après, au moins deux de leurs parts. Mais ceux-ci vont l'esquiver et lui prendre son œuvre sans le récompenser pour sa vaillance dernière.

Car il y a aussi une autre explication au tire "La CROISADE du Mal-Pensant" : elle réside dans ces
grandes Croisades qu'il consacra des années à étudier dans toutes les archives, dans tous les fonds de ressources historiques afin de les réunir dans un livre d'Histoire qu'il voulait exhaustif, précis, complet, comme jamais personne n'en avait écrit sur le thème. Monsieur le Président de l'Université va tout à coup s'y intéresser...

L'auteur, Monsieur Christian de MOLINER nous confiait qu'il " était FAN de René GROUSSET "
cet Académicien auteur justement de L’Épopée des croisades, aux Éditions Perrin. Œuvre qu'il considère comme indépassable à ce que nous avons compris du moins. Comme on le voit son livre superpose le travail fictif de son héros de roman à celui bien réel qui intéresse l'auteur qui en reçoit du même coup le titre : " La CROISADE ". Mais cette croisade que l'auteur ne rapproche d'aucun événement réel, va pourtant bien être celle de ce "BIENPENSANT" de Professeur d'Histoire fictif contre les authentiques "mal-pensants" racialisés, parfaitement étrangers à la civilisation française qui vont le conduire à accomplir son destin romantique malgré lui.

Nous n'en dirons pas plus car ce livre vaut la lecture comme un long fleuve qui, de tranquille va
devenir torrentiel et destructeur.

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un roman Houelbecquien

D’aucuns verront dans le roman de Christian de Moliner La Croisade du mal-pensant, ultime édition de Pierre-Guillaume de Roux avant sa disparition le 11 février 2021, un pamphlet contre la lâcheté de l’institution universitaire et sa tutelle à soutenir les siens victimes de la vindicte d’une cohorte de racialistes extrémistes, menée par une professeure en sciences sociales, et qui ambitionne de créer un espace « sans blancs » au sein de la faculté de la ville imaginaire de Saint-Paul, comme il existait aux États-Unis et en Afrique du sud des lieux et des transports en commun interdits aux noirs ou aux colorés et qu’il me souvient avoir vu dans les années soixante-dix en Angleterre, au pays des Lacs, un écriteau sur la porte d’un pub : « No dog, no French ». Le biologiste américain Bret Weinstein — qui aurait pu servir de modèle à Moliner — fut victime en 2017, à l’Evergreen College dans l’état de Washington, du même ostracisme que le personnage principal de la Croisade, et s’il a gagné son procès et obtenu un demi-million de dollars de dommages et intérêts, il a quand même dû renoncer à l’enseignement.
À l’heure où le concept flou d’islamo-gauchisme fait florès, ce qui retient l’attention première c’est le personnage de président de l’université (et soi-disant ami de la cible des racialistes) qui nous rejoue le Ponce Pilate de Boulgakov, les regrets en moins. Certes, le roman traite de ce sujet et des dommages collatéraux des attaques gratuites et sans preuves qui font office de procès-lynchages en place publique, des réseaux (a)sociaux et des « médias » partiaux et seulement assoiffés de « buzz », de la récupération politique — un désagréable avocat arriviste candidat à une élection locale en témoigne —, de la couardise des pouvoirs publics (ici rien de nouveau sous le soleil), mais Samuel Meiersohn, le héros de l’histoire, n’est pas sans rappeler le professeur Gaspar de l’écrivain hongrois Marai Sandor dans son roman Le premier amour, publié en 1927 ; même asthénie, même incapacité d’émerveillement, même solitude physique et morale, même inaptitude au bonheur — presque du Houellebecq—, et surtout son impossibilité à se déclarer à Jeannine, sa bonne amie compréhensive, jolie jeune femme syrienne mal mariée et qui voudrait tant se laisser aller dans des bras réconfortants. Elle est mal tombée… L’avarice de lui-même de Samuel fait peine à lire, et son petit combat politico-social semble la dernière cartouche — pétard mouillé ? — qu’il va tirer dans une cacophonie générale hostile et à charge.

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un livre bouleversant

Je l ai lu d'une traite sans m'en rendre compte
Le destin de Samuel est Houellebecquien, il lutte jusqu'à ce que la hache lui tombe des mains

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